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construits à Paris et en province, et lorsque le 19 janvier 1784 les frères Montgolfier eurent lancé dans l’atmosphère la gigantesque montgolfière le Flesselles, globe immense presque aussi grand que le ballon captif de Giffard en 1878[1] (fig. 8) élevant à la fois sept voyageurs, il n’y eut plus de bornes à la frénésie de l’enthousiasme. Les fabriques de faïences de Nevers, de Lille, de Lyon, de Marseille, exécutèrent sur les ascensions de Charles, sur celles de Pilâtre et de Montgolfier, et bientôt sur celles de l’aéronaute Blanchard, ces curieuses assiettes au ballon, aujourd’hui si recherchées des amateurs de faïences patriotiques ; les graveurs de l’époque représentaient les premiers ballons, les épisodes des voyages aériens, et amusaient le public de caricatures plaisantes. On confectionnait des meubles, des montres, des bonbonnières au ballon, et dans la collection aérostatique que nous avons formée, mon frère et moi, il n’est pas jusqu’à des meubles, des pendules, des boutons d’habit, voire même des gants de l’époque, sur lesquels on ne puisse voir, incrustés, ciselés ou peints, des ballons et des montgolfières.

  1. Le ballon captif que représente notre frontispice avait 36 mètres de diamètre et 55 mètres de hauteur au-dessus du sol. Il cubait 25 000 mètres, et pouvait enlever 30 voyageurs à 500 mètres d’altitude.