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Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/48

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à la surface de la mer ! Ils n’ont pu se rendre compte ni de la vitesse de leur marche, ni de la direction qu’ils ont suivie ; tout ce qu’ils savent, c’est qu’un océan agite ses flots sous leur nacelle, et qu’ils marchent sans doute vers le plus effroyable des naufrages.

Pendant sept heures consécutives, ils planent ainsi au-dessus des vagues en mouvement ; quelquefois ils aperçoivent des navires qui leur apparaissent d’abord comme l’espoir du salut. Espérances vite déçues !

Après plusieurs heures de voyage, M. Rolier a sacrifié tout le lest qui jusque-là soutenait dans l’espace l’aérostat auquel étaient attachées sa vie et sa fortune. Des nuées épaisses l’entourent bientôt et accélèrent la descente du navire aérien, que la pesanteur ramène fatalement vers les niveaux inférieurs. Son compagnon et lui se préparent à affronter la plus cruelle et la plus glorieuse des morts. Le ballon descend avec rapidité, il s’échappe du massif de vapeur où il était plongé… Ô miracle ! ce n’est pas la mer qui s’ouvre aux regards des voyageurs, c’est une montagne couverte de neige, autour de laquelle une forêt de pins dresse les cimes de ses arbres.

L’aérostat est violemment jeté dans un champ de neige ; les deux Français sautent en même