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Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/57

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duit alors un spectacle saisissant. On dirait un second ballon qui vous suit ; rien n’est plus curieux que de voir sur les nuages son image se mouvoir comme dans les ombres chinoises (fig. 20). Ces auréoles lumineuses entourent parfois l’ombre tout entière du ballon ; quelquefois elles n’en ceignent qu’une partie, quelquefois enfin, comme nous l’avons observé, trois arcs-en-ciel concentriques enferment l’image du ballon dans un triple cadre circulaire aux couleurs pures et légères.

Les nuages où le ballon peut se plonger sont de nature très diverse ; quelquefois ils sont si obscurs et si denses que l’aérostat disparaît entièrement comme dans un bain de vapeur ; il n’est arrivé, même en août 1868, de perdre de vue mes compagnons aériens. Parfois les nuages, au contraire, sont opalins et presque lumineux. Le 16 février 1873, nous avons eu la bonne fortune de rencontrer, mon frère et moi, un nuage à glace semblable à celui que M. Barral avait traversé jadis, et au sujet duquel on avait, bien à tort, émis quelques doutes. Le ballon planait à 1 800 mètres sous un ciel ardent, le thermomètre marquait 48 degrés centésimaux. En revenant vers la terre, nous arrivons dans un nuage où nous sommes saisis par un froid violent, comme à l’entrée d’une cave en été. Le thermomètre, en effet, descend subitement à 4 degrés