Page:Tite Live - Histoire romaine (volume 1), traduction Nisard, 1864.djvu/15

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Livre IV. — Une loi relative aux mariages entre patriciens et plébéiens, proposée par les tribuns du peuple, est, malgré l’opposition des patriciens, adoptée après de longs débats. — Tribuns militaires. — Les affaires du peuple romain, tant au dedans qu’au dehors, sont pendant quelques années, confiées à l’administration de cette espèce de magistrats. — Les censeurs sont également créés alors pour la première fois. — Le territoire enlevé aux Ardéates par un jugement du peuple romain, reçoit une colonie, et est rendu à ses premiers maîtres. — Pendant une famine qui désolait Rome, Sp. Mélius, chevalier romain, distribue à ses dépens, du blé au peuple. Ayant, par ses largesses, gagné la multitude, il aspirait au trône, quand, sur l’ordre du dictateur Quinctius Cincinnatus, il est mis à mort par C. Servilius Ahala, général de la cavalerie. — L. Minucius, révélateur du complot, est récompensé par le don d’une génisse dorée. — Des statues sont élevées dans les rostres aux députés de Rome assassinés par les Fidénates, parce qu’ils avaient péri pour le service de la république. — Cossus Cornélius, tribun militaire, tue Tolumnius, roi des Véïes, et remporte les secondes dépouilles opimes. — Mam. Émilius, dictateur, ayant réduit à dix-huit mois la durée de la censure, qui d’abord était de cinq ans, est pour cela même noté par les censeurs. — Fidènes est conquise, et l’on y envoie une colonie que les habitants égorgent. — Les Fidénates, révoltés, sont vaincus par le dictateur Mam. Émilius, et leur ville est prise. — Conjuration des esclaves, étouffée. — Postumius, tribun militaire, est, à cause de sa cruauté, assassiné par ses soldats. — L’armée reçoit, pour la première fois, une paie du trésor. — Guerre contre les Volsques, les Fidénates et les Falisques. 
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Livre V. — Au siège de Véïes, on construit des logements d’hiver aux soldats : cette nouveauté soulève l’indignation des tribuns du peuple qui se plaignent qu’on ne laisse pas même l’hiver au peuple pour se reposer du service militaire. — Pour la première fois, les cavaliers s’équipent à leurs frais. — Une crue subite du lac d’Albe ayant eu lieu, on enlève un devin aux ennemis pour avoir l’interprétation de cet événement. — Furius Camille, dictateur, prend Véïes après un siège de dix ans, transporte à Rome la statue de Junon, envoie à Delphes la dixième partie du butin, qu’il offre a Apollon. — Le même, créé tribun militaire, assiège Faléries : un traître lui ayant livré les enfants de l’ennemi, il les renvoie à leurs parents ; à l’heure même Faléries se soumet à lui, et la victoire devient ainsi le prix de son équité. — Un des censeurs, C. Julius, meurt ; on le remplace par M. Cornélius ; on renonça depuis à cet usage, parce que, durant ce lustre, Rome fut prise par les Gaulois. — Furius Camille, cité en jugement par L. Apullius, tribun du peuple, s’en va en exil. — Pendant que les Gaulois-Sénons assiègent Clusium, les députés envoyés par le sénat pour rétablir la paix entre eux et les Clusiens restent parmi ces derniers et combattent contre les Gaulois : indignés de cette conduite, les Sénons marchent avec une armée contre Rome, battent les Romains près du fleuve Allia, et prennent la ville, moins le Capitole où la jeunesse s’était renfermée. Les vieillards revêtus des insignes de leurs dignités, assis sous le vestibule de leurs palais, sont massacrés. Comme les Gaulois étaient déjà parvenus, par un sentier détourné, au faîte du Capitole, ils sont trahis par les cris des oies, et précipités du haut en bas par la jeunesse romaine, au milieu de laquelle se distingue M. Manlius. Ensuite la famine contraint les Romains d’acheter, au prix de mille livres d’or, la levée du siège ; au moment où l’on pèse l’or, Furius Camille, qu’on avait créé dictateur eu son absence, arrive avec son armée, et, six mois après leur entrée, chasse les Gaulois de la ville et les taille en pièces. — Un temple est élevé en l’honneur d’Aïus Locutius, au lieu où, avant la prise de la ville, une voix avait prédit l’arrivée des Gaulois. — Comme Rome était incendiée et détruite, on parle d’émigrer à Véïes ; sur les instances de Camille, on renonce à ce projet. Le peuple fut surtout déterminé par le mot d’un centurion qui lui parut prophétique : ce centurion, en arrivant au Forum, avait dit à sa troupe : « Arrête, soldat ! nous serons bien là ; restons-y ! » 
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Livre VI. — Guerres et succès contre les Volsques, les Èques et les Prénestins — Quatre nouvelles tribus sont établies, la Stellatine, la Sabbatine, la Tromentine et l’Arnienne. — M. Manlius, qui avait défendu le Capitole contre les Gaulois, libère les débiteurs, vient en aide aux détenus insolvables, et, accusé pour cela d’aspirer à la royauté, est condamné et précipité de la roche Tarpéienne. — Pour flétrir sa mémoire, on interdit par un sénatus-consulte à la famille Manlia le surnom de Marcus. — C. Licinius et L. Sextius, tribuns du peuple, proposent une loi pour l’admission des plébéiens au consulat, jusque-là réservé aux patriciens. Cette loi, après de longs débats, et malgré l’opposition des patriciens, soutenus de ces mêmes tribuns du peuple, seuls magistrats pendant cinq ans, est adoptée. — L. Sextius, premier consul plébéien. — Promulgation d’une autre loi par laquelle il est défendu aux particuliers de posséder par tête plus de cinq cents arpents de terre. 
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