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Page:Tite Live - Histoire romaine (volume 2), traduction Nisard, 1864.djvu/143

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d’Italie. Il compléta les cadres de ces légions, en sorte que chacune d’elles se composait de six mille deux cents hommes de pied, et de trois cents cavaliers. Il prit aussi l’élite de l’infanterie et de la cavalerie des alliés latins qui faisaient partie de l’armée de Cannes.

XXV. Les historiens évaluent très-diversement le nombre d’hommes qui fut transporté en Afrique. Les uns le portent dix mille hommes d’infanterie et deux mille deux cents chevaux ; les autres, à seize mille hommes d’infanterie et mille six cents chevaux ; d’autres enfin, grossissant ce nombre de plus de moitié, disent qu’on embarqua trente-cinq mille hommes, tant infanterie que cavalerie. Quelques-uns n’ont donné aucune évaluation. Dans le doute, j’aime mieux imiter leur réserve. Célius, tout en ne précisant pas le nombre, en parle comme d'une multitude immense. « Des oiseaux, dit-il, tombèrent du haut des airs, étourdis par les clameurs des soldats, et les vaisseaux étaient encombrés de tant de monde, qu’il semblait ne pas rester un seul homme en Italie ou en Sicile. » Afin que l’embarquement se fît avec ordre et sans confusion, Scipion se chargea de le surveiller. C. Lélius, qui commandait la flotte, contint dans les vaisseaux les marins qu’il avait fait embarquer auparavant. Le chargement des vivres fut confié aux soins du préteur M. Pomponius. La flotte reçut des provisions pour quarante-cinq jours ; sur cette quantité il y en avait de cuites pour quinze jours. Quand toute l’armée fut à bord, il envoya des chaloupes faire le tour de chaque vaisseau et avertir le pilote, le commandant et deux soldats, qu’ils eussent à se rendre au forum pour prendre les ordres. Lorsqu’ils furent réunis, il leur demanda premièrement s’ils avaient embarqué l’eau nécessaire aux hommes et aux animaux pour autant de jours qu’ils avaient de vivres. On lui répondit qu’il y avait sur chaque vaisseau de l’eau pour quarante-cinq jours. Puis il enjoignit aux soldats de rester silencieux et paisibles, de ne point chercher querelle aux marins et de les seconder ponctuellement dans l’exécution des manœuvres. Il promit de veiller à la sûreté des bâtiments de transport, en se tenant lui-même, ainsi que L. Scipion, à l’aile droite avec vingt vaisseaux éperonnés, et en chargeant C. Lélius, commandant de la flotte, et M. Porcius Caton, alors questeur, de protéger la gauche avec des forces pareilles. Un fanal serait allumé la nuit sur chaque vaisseau éperonné, deux sur les vaisseaux de transport ; le vaisseau amiral en aurait trois, afin qu’on pût le distinguer. Les pilotes eurent ordre de cingler vers Empories. La contrée y est très-fertile ; elle offre eu abondance toute sorte de ressources ; aussi, comme il arrive ordinairement dans les pays riches, les barbares y sont-ils peu belliqueux ; il était donc probable qu’on les soumettrait avant que Carthage les secourût. Après leur avoir donné ces instructions, Scipion leur commanda de retourner a bord, et de lever l’ancre le lendemain, avec la protection des dieux, dès qu’ils en auraient le signal.

XXVI. Bien des flottes romaines étaient parties de la Sicile et du port même de Lilybée ; mais dans le cours de cette guerre (chose peu surprenante.