tis. C’est ainsi qu’on a vu dernièrement le Nord soutenir le système des prohibitions commerciales, et le Sud prendre les armes en faveur de la liberté du commerce, par la seule raison que le Nord est manufacturier et le Sud cultivateur, et que le système restrictif agit au profit de l’un et au détriment de l’autre.
À défaut des grands partis, les États-Unis fourmillent de petits, et l’opinion publique se fractionne à l’infini sur des questions de détails. On ne saurait imaginer la peine qu’on s’y donne pour créer des partis ; ce n’est pas chose aisée de notre temps. Aux États-Unis, point de haine religieuse, parce que la religion est universellement respectée et qu’aucune secte n’est dominante ; point de haine de classes, parce que le peuple est tout, et que nul n’ose encore lutter avec lui ; enfin point de misères publiques à exploiter, parce que l’état matériel du pays offre une si immense carrière à l’industrie, qu’il suffit de laisser l’homme à lui-même pour qu’il fasse des prodiges. Il faut bien pourtant que l’ambition parvienne à créer des partis, car il est difficile de renverser celui qui tient le pouvoir, par la seule raison qu’on veut prendre sa place. Toute l’habileté des hommes politiques consiste donc à composer des partis : un homme politique, aux États-Unis, cherche d’abord à discerner son intérêt et à voir quels sont les intérêts analogues qui pourraient se grouper autour du sien ; il s’occupe ensuite à découvrir s’il n’existerait pas par hasard, dans le monde, une doctrine ou un principe qu’on pût placer convenablement à la tête de la nouvelle association, pour