Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/251

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J’aperçois chez d’autres peuples de l’Amérique les mêmes conditions de prospérité que chez les Anglo-Américains, moins leurs lois et leurs mœurs ; et ces peuples sont misérables. Les lois et les mœurs des Anglo-Américains forment donc la raison spéciale de leur grandeur et la cause prédominante que je cherche.

Je suis loin de prétendre qu’il y ait une bonté absolue dans les lois américaines : je ne crois point qu’elles soient applicables à tous les peuples démocratiques ; et, parmi elles, il en est plusieurs qui, aux États-Unis même, me semblent dangereuses.

Cependant, on ne saurait nier que la législation des Américains, prise dans son ensemble, ne soit bien adaptée au génie du peuple qu’elle doit régir et à la nature du pays.

Les lois américaines sont donc bonnes, et il faut leur attribuer une grande part dans le succès qu’obtient en Amérique le gouvernement de la démocratie ; mais je ne pense pas qu’elles en soient la cause principale. Et si elles me paraissent avoir plus d’influence sur le bonheur social des Américains que la nature même du pays, d’un autre côté j’aperçois des raisons de croire qu’elles en exercent moins que les mœurs.

Les lois fédérales forment assurément la portion la plus importante de la législation des États-Unis.

Le Mexique, qui est aussi heureusement situé que l’Union anglo-américaine, s’est approprié ces mêmes lois, et il ne peut s’habituer au gouvernement de la démocratie.