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Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/406

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pays, et qu’en temps de paix elle n’existe pour ainsi dire point ; comme si cette alternative de débilité et de vigueur était dans la nature.

Je ne vois rien qui puisse, quant à présent, arrêter ce mouvement général des esprits ; les causes qui l’ont fait naître ne cessent point d’opérer dans le même sens. Il se continuera donc, et l’on peut prédire que, s’il ne survient pas quelque circonstance extraordinaire, le gouvernement de l’Union ira chaque jour s’affaiblissant.

Je crois cependant que nous sommes encore loin du temps où le pouvoir fédéral, incapable de protéger sa propre existence et de donner la paix au pays, s’éteindra en quelque sorte de lui-même. L’Union est dans les mœurs, on la désire ; ses résultats sont évidents, ses bienfaits visibles. Quand on du s’apercevra que la faiblesse du gouvernement fédéral compromet l’existence de l’Union, je ne doute point qu’on ne voie naître un mouvement de réaction en faveur de la force.

Le gouvernement des États-Unis est, de tous les gouvernements fédéraux qui ont été établis jusqu’à nos jours, celui qui est le plus naturellement destiné à agir : tant qu’on ne l’attaquera pas d’une manière indirecte par l’interprétation de ses lois, tant qu’on n’altérera pas profondément sa substance, un changement d’opinion, une crise intérieure, une guerre, pourraient lui redonner tout à coup la vigueur dont il a besoin.

Ce que j’ai voulu constater est seulement ceci : bien des gens, parmi nous, pensent qu’aux États-Unis il y a un mouvement des esprits qui favorise la centralisation