Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/91

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Inutile d’ailleurs de rechercher ce que les Américains pourraient faire en pareille matière, puisqu’il est certain que, jusqu’à présent, ils n’ont rien fait.

Il n’existe donc pas aujourd’hui en Amérique ou en Europe un seul homme qui puisse nous apprendre ce que paie annuellement chaque citoyen de l’Union pour subvenir aux charges de la société[1].

    total des dépenses publiques de l’Union ; mais ils ont cherché à comparer entre elles des portions détachées de ces dépenses. Il est facile de prouver que cette seconde manière d’opérer n’est pas moins défectueuse que la première.

    À quoi comparerai-je, par exemple, notre budget national ? Au budget de l’Union ? Mais l’Union s’occupe de beaucoup moins d’objets que notre gouvernement central, et ses charges doivent naturellement être beaucoup moindres. Opposerai-je nos budgets départementaux aux budgets des États particuliers dont l’Union se compose ? Mais en général les États particuliers veillent à des intérêts plus importants et plus nombreux que l’administration de nos départements ; leurs dépenses sont donc naturellement plus considérables. Quant aux budgets des comtés, on ne rencontre rien dans notre système de finances qui leur ressemble. Ferons-nous rentrer les dépenses qui y sont portées dans le budget de l’État ou dans celui des communes ? Les dépenses communales existent dans les deux pays, mais elles ne sont pas toujours analogues. En Amérique, la commune se charge de plusieurs soins qu’en France elle abandonne au département ou à l’État. Que faut-il entendre d’ailleurs par dépenses communales en Amérique ? L’organisation de la commune diffère suivant les États. Prendrons-nous pour règle ce qui se passe dans la Nouvelle-Angleterre ou en Géorgie, dans la Pennsylvanie ou dans l’État des Illinois ?

    Il est facile d’apercevoir, entre certains budgets de deux pays, une sorte d’analogie ; mais les éléments qui les composent différant toujours plus ou moins, l’on ne saurait établir entre eux de comparaison sérieuse.

  1. On parviendrait à connaître la somme précise que chaque citoyen français ou américain verse dans le trésor public, qu’on n’aurait encore qu’une partie de la vérité.

    Les gouvernements ne demandent pas seulement aux contribuables, de l’argent, mais encore des efforts personnels qui sont appréciables en argent. L’État lève une armée ; indépendamment de la solde que la nation