Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 8.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mirable du goût de la liberté et de l’égalité qu’elle faisait voir…

Sa maladresse, son ignorance pratique faisant aboutir tant de bonnes intentions, tant de vues justes, à un gouvernement impossible, à une administration anarchique et impuissante, et enfin à la désorganisation générale d’où sort la Terreur.

Comment l’idée du vote universel s’est trouvée l’idée naturelle de tout le monde en 1789.

Cette idée ultra-démocratique s’est trouvée dans tous les esprits, à cause de la division de la nation par ordres dont les limites étaient parfaitement et définitivement tracées, c’est-à-dire par suite des faits les plus éloignés de la démocratie.

L’idée du privilége politique s’attachant à la classe, non à l’individu qui en faisait partie (dans l’intérieur de chaque classe il paraissait naturel et nécessaire que chacun fut consulté sur l’intérêt commun), cette idée était celle de tout le monde et que personne ne combattait. Le tiers-état d’un village était dans une situation subordonnée à celle du seigneur et du curé, et avait des charges et des intérêts à part. Mais quand il s’agissait de ces charges et de ces intérêts, nul ne doutait que le moindre paysan n’eût voix au chapitre.