Samedi 8 mai.
Course aux environs d’Alger. Kouba : route superbe qui semble devoir conduire aux provinces d’un vaste empire, et qu’on ne peut suivre plus de trois lieues sans se faire couper la tête. Pays délicieux, la Sicile avec l’industrie de la France. Végétation prodigieuse, terre végétale très-épaisse ; pays de promission, s’il ne fallait pas cultiver le fusil à la main. Du haut de Kouba nous voyons la Mitidja : magnifique plaine ; cinq lieues de large, trente de long ; toute une province ; ressemble à l’Alsace ; verte, mais pas une maison, pas un arbre, pas un homme ; contraste étonnant : ici, images de la nature cultivée par l’industrie et la civilisation, dans la plaine, Wilderness…
Le soir, course à la Casauba. Alger vieux nous parait un immense terrier de renard, étroit, obscur, enfumé. Population qui à cette heure semble oisive et dissolue. Cabaret indigène où se trouvent des filles publiques maures qui chantent, et où l’on boit du vin. Mélanges des vices de deux civilisations. Tel est l’aspect extérieur.