Aller au contenu

Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trois mètres de hauteur, on abandonnerait l’usage du béton, et l’on placerait enfin une maçonnerie à mains d’homme qui reposerait sur trois assises gigantesques composées chacune d’un seul bloc épais d’un mètre, et longues de trois mille six cents.

Toutes ces opérations ne devaient pas avoir lieu dans une même campagne, mais se partager en quatre, afin de fournir aux premiers ouvrages le temps de faire leur effet avant de leur donner à supporter les seconds. M. Fouques-Duparc estimait que, dans l’espace de onze ou douze ans, en suivant ce système, la digue pourrait être terminée sur toute la ligne, et que la dépense s’élèverait à vingt-cinq millions. Le rapport que nous venons d’analyser fut transmis le 13 juillet 1820. Il ne paraît pas qu’aucune résolution ait été prise pendant la dernière année de la Restauration ; les agitations qui suivirent la révolution de 1830, ne firent pas oublier Cherbourg. En 1832, une Commission composée d’ingénieurs très-habiles et très-exercés dans les travaux hydrauliques fut chargée de discuter les idées de M. Fouques-Duparc et d’arrêter enfin la marche à suivre. Divers systèmes furent opposés à celui de M. Duparc. On assure que M. Bérigny, exagérant la pensée de celui-ci, vanta l’emploi de la chaux hydraulique, voulait ne former la digue entière que d’un seul bloc de béton. M. Lamblardie fils proposait, au contraire, dit-on, de n’y employer que des blocs taillés et superposés les uns sur les autres sans ciment. Le système de M. Duparc l’emporta. C’est celui qui a été constamment suivi, depuis, avec un plein succès[1]. On en a perfectionné les détails et facilité l’exécution ; on ne l’a point changé au fond, et les choses se passent encore aujourd’hui comme le rapport du

  1. Il est arrivé souvent, cependant, que la mer a détruit des parties considérables de la maçonnerie avant que le temps ait pu les rendre solides : de 1852 à 1847, la valeur du travail ainsi détruit par la mer, à mesure qu’on l'exécutait, peut être évaluée a quatre cent cinquante mille francs. Ce furent là des contre-temps, mais non des obstacles.