cution. Restait surtout à créer tous les appendices d’un grand port militaire, cales, formes, magasins, chantiers, ateliers, forges, casernes. Jusqu’à ce qu’on se fût procuré ces accessoires indispensables, on pouvait bien abriter une flotte à Cherbourg ; on ne pouvait ni l’y créer, ni même l’y réparer. On avait des bassins, mais, à vrai dire, on n’avait pas encore de port. Un grand nombre d’années se passèrent, soit sous la Restauration, soit depuis, sans que ces travaux, dont l’urgence était reconnue, pussent être entrepris. L’obstacle n’était pas dans les choses, on les aurait vaincues, mais dans les hommes, qui, sous les gouvernements faibles, sont plus résistants que les choses.
Lorsque Napoléon avait vu que Cherbourg prenait une véritable importance maritime, il avait commencé à appréhender que les Anglais ne cherchassent, à l’aide d’un hardi coup de main, à s’en emparer par terre, comme ils l’avaient fait en 1758. Il avait donc ordonné que des fortifications fussent élevées à la hâte autour du port. Il en traça lui-même l’esquisse. Le temps pressait ; l’Empereur, s’arrêtant à l’idée d’une fortification provisoire, renferma dans une enceinte très-étroite l’avant-port et le premier bassin de flot déjà commencés. On voit encore les lignes que son crayon a tracées, en 1811, tout au travers du plan grandiose de M. Cachin. Ces fortifications, commencées aussitôt, étaient terminées à la fin de l’Empire. Elles garantissaient le port, mais elles l’étouffaient. Il fallait les repousser beaucoup plus loin pour pouvoir établir le dernier bassin et créer les établissements accessoires dont on a parlé plus haut. Pour cela il était nécessaire que le ministre de la guerre et celui de la marine s’entendissent ; c’est ce que, suivant l’usage, ils se gardèrent bien de faire, et comme il n’y avait plus personne qui, d’un coup de crayon, put mettre ces deux grandes administrations d’accord, la querelle alla s’échauffant et se prolongeant d’année en année sans qu’aucune solution put intervenir : elle dura vingt et un ans. Commencée en 1817,