qu’elle est tranquille. On ne saurait se, dissimuler qu’il y a là un péril réel, mais il n’est pas prochain comme on le croyait. Depuis 1789, que les sondes ont été faites et continuées avec le plus grand soin, aucun changement considérable n’a été découvert au fond de la mer. Le grand banc de sable qui occupe l’est de la rade s’est quelque peu avancé vers l’ouest, il est vrai ; mais en gagnant un peu d’étendue, il a perdu de sa hauteur : l’ensablement, d’ailleurs, est un danger auquel toutes les bonnes rades sont posées, les naturelles aussi bien que les factices. La rade de Toulon est aujourd’hui presque comblée, et il faut avoir recours à la drague pour la vicier.
Quand les travaux de défense seront terminés, la rade de Cherbourg ne sera pas seulement bien garantie contre la mer, mais aussi contre l’ennemi ; nous pourrions même la considérer comme devant être alors à l’abri de toute attaque, si nous ne vivions dans un temps où tous les arts se perfectionnent, ceux qui ont pour but de désoler l’humanité comme ceux qui tendent à l’enrichir, et où les hommes emploient les loisirs de la paix à inventer de nouveaux moyens de mieux se détruire dans la guerre. Les marins et les officiers du génie paraissent assez d’accord que, quelque effort qu’on fasse, on n’empêchera pas des vaisseaux ennemis poussés par le vent ou la vapeur et marchant avec la marée, de forcer la passe et d’entrer dans la rade. Mais, arrivés là, il leur sera impossible de s’y tenir ; ils s’y trouveront comme enveloppés dans un cercle de fer et de feu : derrière eux, les trois forts placés sur la digue ; devant eux, sur le rivage, le fort de Querqueville qui occupe l’extrémité de la rade à l’ouest ; après lui, les batteries de la fortification qui couvre le port au nord et celles du fort du Hommet ; plus loin, le fort des Flamands qui s’avance au loin dans la mer en face de la plage de Tourlaville, et enfin le fort de l’île Pelée qui occupe l’extrémité de la baie, pourraient couvrir la rade de leurs feux conveigents et cribler de projectiles