nous l’avons dit, au commencement des travaux, 7 à 8, 000 habitants ; elle en a près de’25, 000 aujourd’hui, les soins qu’on a donnés aux établissements militaires n’ont point fait perdre de vue les établissements nécessaires au commerce. De belles jetées, un spacieux bassin de flot appellent les vaisseaux marchands. Cependant le commerce de Cherbourg est resté languissant. Le tableau général du commerce de la France avec les colonies et les puissances étrangères, publié par le gouvernement, nous apprend que, le 31 décembre 1815, dernière année connue, le nombre des bâtiments appartenant au port de Cherbourg ne s’élevait pas au-dessus de cent quarante-six, jaugeant six mille six cent quatre-vingt-neuf tonneaux. Trois cent cinquante-cinq navires de toutes nations, représentant un tonnage de vingt-neuf mille sept cent quatre-vingt-trois tonneaux, étaient entrés en 1845 à Cherbourg. Cette langueur du commerce de Cherbourg semble tenir principalement à deux causes : à la position de la ville, qui, placée à l’extrémité de la presqu’île du Cotentin, n’est point appelée à pourvoir aux besoins d’un grand territoire ; et au voisinage d’un port militaire. Le commerce est naturellement ennemi de la guerre, et il est presque sans exemple que les navires marchands viennent se placer en grand nombre à côté des vaisseaux de l’État. C’est ainsi que le rapport, dont nous parlions plus haut, constate que, durant cette même année 1845, le nombre des vaisseaux de commerce appartenant au port de Brest ne dépassait pas soixante-onze, et que les navires marchands de toutes nations entrés cette année à Brest ne s’élevaient qu’à quatre-vingt-dix-huit et ne jaugeaient pas plus de seize mille sept cent quarante-six tonneaux. Cherbourg n’a pas produit d’hommes illustres, mais il a donné naissance à quelques hommes de mérite dont les noms doivent être rappelés : Jacques de Callières ; son frère François de Caillères, de l’Académie française, l’un des plénipotentiaires de la France au congrès de Ryswick ; le ce--
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