calomnieux qui ont été répandus sur mon compte il y a dix-huit mois.
Je dois, avant tout, et pour la dernière fois, les flétrir.
On vous dira que je suis un ennemi caché des institutions et de la dynastie fondées en juillet 1830. Méprisez ceux qui vous tiennent un pareil langage. J’ai prêté serment en 1830. J’ai exercé depuis des fonctions publiques, et je n’ai jamais su ce que c’était que de vouloir renverser un gouvernement que j’ai servi.
On vous dira encore qu’appartenant à une famille ancienne je veux ramener la société aux anciens préjugés, aux anciens privilèges, aux anciens usages ; ce sont encore là non-seulement des calomnies odieuses, mais ridicules. Il n’y a pas en France, et, je ne crains pas de le dire, en Europe, un seul homme qui ait fait voir d’une manière plus publique que l’ancienne société aristocratique avait disparu pour toujours, et qu’il ne restait plus aux hommes de notre temps qu’à organiser progressivement et prudemment sur ses ruines la société démocratique nouvelle. Nul n’a fait plus d’efforts que moi pour montrer qu’il fallait, sans sortir de la monarchie, en arriver peu à peu au gouvernement du pays par le pays. Je n’ai point renfermé ces opinions dans des paroles obscures qu’on explique, qu’on rétracte ou qu’on nie suivant le besoin du moment, mais dans des écrits qui restent et qui m’engagent aux yeux de mes amis aussi bien qu’à ceux de mes adversaires.
Les mêmes hommes qui essayeront de me peindre à vous comme un représentant du pouvoir absolu ou des idées féodales, s’efforceront peut-être de me montrer comme un homme anarchique et comme un novateur dangereux. C’est encore là une calomnie. Je veux, il est vrai, un progrès constant, mais je le veux graduel. J’aime la liberté, et non la démagogie. Je sais que la France a tout à la fois besoin d’indépendance et de repos, et qu’il faut lui éviter toute révolution nouvelle.