Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/316

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l’y soutenir de tout son pouvoir, car c’est de l’intérêt de la France, de sa grandeur, de son honneur, des doctrines que sa révolution a fait prévaloir dans le monde, et que l’opposition surtout se fait gloire de professer, qu’il s’agit ici. Mais que l’opposition prenne bien garde de se payer de vains mots ; qu’elle sache que, quand on lui parle désormais de nouveaux délais destinés à foire des études nouvelles, on la trompe.

Tout ce que la statistique peut faire connaître est appris ; tout ce que peut montrer l’expérience est vu. Jamais question mieux éclairée de tous les côtés n’a été mise sous les yeux des chambres. La mesure est nécessaire, tous les hommes sensés le reconnaissent. Le temps de la prendre est venu, on ne saurait sérieusement le contester ; les moyens de la mener à bien sont trouvés ; il suffit de lire le rapport de M. le duc de Broglie pour s’en convaincre. Il ne reste absolument qu’une seule chose à décider : celle de savoir si, pour conserver au pays des positions qui dominent une grande partie du commerce du globe, si, pour arracher deux cent cinquante mille de nos semblables à l’esclavage dans lequel nous les tenons contre tout droit ; enfin si, pour rester fidèles à notre rôle et ne pas déserter les nobles principes que nous avons fait triompher nous-mêmes chez nos voisins, c’est trop payer que d’inscrire 6 ou 7 millions de plus au grand-livre de notre dette. Il n’y a plus d’autre question que celle-là.