donner à contempler la conquête du monde, on n’avait pas remplacé ce grand spectacle par celui de la liberté, et si, rentré dans le silence et dans la médiocrité de sa condition après tant de bruit et d’éclat, chacun se fût réduit à ne penser qu’aux meilleurs moyens de bien conduire ses affaires privées ?
Je crois fermement qu’il dépend de nos contemporains d’être grands aussi bien que prospères ; mais c’est à la condition de rester libres. Il n’y a que la liberté qui soit en état de nous suggérer ces puissantes émotions communes qui portent et soutiennent les âmes au-dessus d’elles-mêmes ; elle seule peut jeter de la variété au milieu de l’uniformité de nos conditions et de la monotonie de nos mœurs ; seule elle peut distraire nos esprits des petites pensées, et relever le but de nos désirs.
Que si la société nouvelle trouve les labeurs de la liberté trop pénibles ou trop dangereux, qu’elle se résigne, et qu’il lui suffise d’être plus riche que sa devancière, en restant moins haute.
C’est au milieu de la puissante organisation politique créée par l’Empire que M. de Cessac prit naturellement sa place. Il devint successivement directeur de l’École polytechnique, conseiller d’État, et enfin ministre de l’administration de la guerre, dans un temps où la guerre semblait être tout à la fois et le moyen et la fin du gouvernement. Sous ces différents jours, M. de Cessac se montra constamment le même homme ; il fut l’exécuteur intelligent, inflexible et probe des grands desseins de Napoléon. Et quand Napoléon fut abattu, M. de Cessac