inerte et tracassière, il sera permis de douter qu’à de telles conditions on eût pu créer des villages prospères, non pas seulement en Algérie, mais dans les parties les plus fertiles de la France. Il est incontestable que ces causes accidentelles ont contribué à la ruine d’un grand nombre de colons. Quelles sont maintenant les circonstances particulières qui ont produit la prospérité de quelques-uns ?
Une première remarque frappe d’abord. Nulle part le succès des
colons n’a été en rapport avec les sacrifices que l’État s’est imposés
pour eux, mais en raison de circonstances qui étaient presque
étrangères à celui-ci. ou qu’il n’avait fait naître qu’indirectement,
telles que la fertilité particulière du lieu, des qualités rares chez
les colons, le voisinage d’un marché, le passage d’une route…
Parmi ces circonstances, la plus ordinaire et la plus digne d’être signalée
a été la présence d’un capital suffisant, soit dans les mains
du colon lui-même, soit dans celles de ses voisins,
y a des villages, tels que celui de Saint-Ferdinand, par exemple,
où l’État a poussé si loin la sollicitude, qu’il a bâti lui-même
au colon une demeure très-supérieure à la maison de presque tous
les cultivateurs aisés de France ; autour de cette habitation, il a défriché
quatre hectares de terre fertile. Il a placé dans cette ferme
une famille à laquelle il n’a imposé que l’obligation de lui payer
1, 500 fr. dont même il n’a pas exigé le versement ; il lui a donné
des semences, il lui a prêté des instruments de travail. Qu’est-il advenu,
messieurs ? Aujourd’hui, la plupart de ces familles ont été obligées
de vider les lieux. Elles n’ont pas eu le temps d’attendre que la
prospérité fût venue.
Comme, en donnant la maison et le champ, l’État ne leur avait point fourni les moyens d’y vivre, qu’elles n’avaient point par elles-mêmes de ressources et ne trouvaient autour d’elles aucun moyen de s’en procurer, elles ont langui et auraient fini par s’éteindre les mains encore pleines de tous les instruments de prospérité qu’on leur avait gratuitement fournis.
Presque tous les colons qui ont réussi ailleurs, étaient arrivés, au contraire, avec un petit capital, ou, s’ils ne l’avaient pas apporté eux-mêmes, ils sont parvenus à se le procurer en travaillant pour le compte de ceux qui déjà en possédaient un.
Lorsque dans les environs d’un village presque entièrement com-