sur la force de leur situation, ni qu’ils s’imaginent que le droit de propriété est un rempart infranchissable parce que nulle part, jusqu’à présent, il n’a été franchi. Car notre temps ne ressemble à aucun autre. Quand le droit de propriété n’était que l’origine et le fondement de beaucoup d’autres droits, il se défendait sans peine, ou plutôt il n’était pas attaqué. Il formait alors comme le mur d’enceinte de la société dont tous les autres droits étaient les défenses avancées. Les coups ne portaient pas jusqu’à lui. On ne cherchait même pas à l’atteindre. Mais aujourd’hui que le droit de propriété, tout sacré qu’il est, n’apparaît plus que comme le dernier reste d’un monde détruit, comme un privilège isolé au milieu d’une société nivelée ; qu’il n’est plus pour ainsi dire couvert et garanti par l’existence d’autres droits plus contestables et plus haïs, il a perdu, pour un temps du moins, la position qui le rendait inexpugnable. C’est à lui seul, maintenant, à soutenir chaque jour le choc direct et incessant des opinions démocratiques.
Bientôt, il n’y a guère à en douter, c’est entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas que s’établira la lutte des partis politiques. Le grand champ de bataille sera la propriété ; et les principales questions de la politique rouleront sur des modifications plus ou moins profondes à apporter au droit des propriétaires. Alors nous reverrons les grandes agitations publiques et les grands partis.
Comment les signes précurseurs de cet avenir ne frappent-ils pas tous les regards ? Croit-on que ce soit