Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/12

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autres une quantité si considérable de crimes, de tromperies, de trahisons, de vols, de faux-monnayages, de pillages, d’incendies, de meurtres, que l’histoire de tous les tribunaux du monde n’en comporte pas autant pendant des siècles ; et, dans ce temps, les gens qui commettaient ces forfaits ne les considéraient point comme tels.

Qu’est-ce qui a produit cet événement extraordinaire ? Quelles en furent les causes ? Les historiens disent avec une assurance naïve que les causes de cet événement étaient : l’offense faite au duc d’Oldenbourg, l’inobservance du blocus continental, l’ambition de Napoléon, la fermeté d’Alexandre, les fautes des diplomates, etc.

Alors il eût suffi que Metternich, Roumiantzev ou Talleyrand, entre une réception à la cour et un raout, s’appliquassent à bien rédiger un papier, ou que Napoléon écrivit à Alexandre : Monsieur mon frère, je consens à rendre le duché au duc d’Oldenbourg, pour que la guerre ne fût pas ?

On peut comprendre que la chose se présentait ainsi aux contemporains ; on peut comprendre qu’il semblait à Napoléon que la guerre avait pour cause les intrigues de l’Angleterre (comme il l’écrit à Sainte-Hélène) ; on peut comprendre que les membres de la Chambre anglaise attribuaient la cause de la guerre à l’ambition de Napoléon ; que le duc d’Oldenbourg la voyait dans les violences exercées contre lui ; les marchands, dans le blocus continen-