Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/155

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le courage montré dans l’affaire d’Ostrovna et, dans le même ordre, la nomination du prince André Bolkonskï, comme commandant du régiment des chasseurs.

Bien qu’il ne voulût pas rappeler Bolkonskï aux Rostov, Pierre ne pouvait se retenir du désir de les réjouir par la nouvelle de la décoration de leur fils et, laissant chez lui la proclamation officielle et les autres ordres pour les apporter personnellement au dîner, il envoya aux Rostov l’ordre du jour inséré et la lettre.

La conversation avec le comte Rostoptchine, son air inquiet et sa hâte de voir le courrier qui racontait en bavardant combien les affaires de l’armée allaient mal, le bruit sur les espions trouvés à Moscou, sur les papiers qui circulaient à Moscou et où l’on disait que Napoléon promettait d’être dans les deux capitales russes avant l’automne, les conversations sur l’arrivée de l’empereur attendu le lendemain, tout cela excitait en Pierre, avec une nouvelle force, ce sentiment d’émotion et d’attente qui ne le quittait pas depuis l’apparition de la comète et surtout depuis le commencement de la guerre. Depuis déjà longtemps Pierre avait l’idée d’entrer au service militaire et il l’eût fait s’il n’en avait été empêché, premièrement parce qu’il appartenait à cette société maçonnique avec laquelle il était lié par serment et qui professait la paix universelle et la disparition de la guerre, et, deuxièmement parce