Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/18

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çais, qui coïncidaient avec les dispositions de son peuple, l’entraînement et les dépenses de ces grands préparatifs, le besoin d’acquérir des avantages qui compenseraient les dépenses, les honneurs étourdissants de Dresde et les pourparlers diplomatiques qui, d’après l’opinion des contemporains, étaient menés avec le désir sincère d’aboutir à la paix et ne firent que piquer l’amour-propre des deux adversaires, et des millions et des millions d’autres causes qui coïncidèrent avec l’événement à venir et concordèrent avec lui.

Quand la pomme est mûre elle tombe ; pourquoi ? Est-ce parce qu’elle est attirée vers la terre, ou parce que la tige se dessèche, ou parce qu’elle est desséchée par le soleil, parce qu’elle s’alourdit, parce que le vent la secoue, ou parce que le gamin qui est en bas veut la manger ?

Rien n’est une cause, tout n’est que la concordance de ces conditions dans lesquelles se produit chaque événement vital, organique, élémentaire ; et le botaniste qui trouve que la pomme tombe parce que le tissu s’en décompose, etc., aura aussi raison que l’enfant qui sera en bas et se dira que la pomme est tombée parce qu’il voulait la manger et qu’il avait prié pour cela.

De même, ceux qui diront que Napoléon est allé à Moscou parce qu’il le voulait et qu’il a succombé parce qu’Alexandre voulait sa perte, auront raison ; de même ceux qui diront qu’une montagne