Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/222

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s’avancaient dans les rues. Devant la maison voisine de celle de Férapontov stationnaient des chariots, et des femmes sanglotaient en se disant adieu. Le chien de garde tournait en jappant autour des chevaux attelés.

Alpatitch, d’un pas plus vif qu’à l’ordinaire, entra dans la cour et alla tout droit au hangar à ses chevaux et son chariot. Le cocher dormait. Il l’éveilla, lui ordonna d’atteler et entra dans le vestibule. Dans la chambre des maîtres on entendait pleurer des enfants, les sanglots effrayants d’une femme et les cris irrités et rauques de Férapontov. Dès qu’Alpatitch entra, la cuisinière bondit dans le vestibule comme une poule effrayée.

— Il a battu à mort la patronne ! Tant battue !… tant traînée !

— Pourquoi ? demanda Alpatitch.

— Elle demandait à partir. C’est une idée de femme. Comment, dit-elle, tu me perds avec les petits ? Tout le monde est parti, et nous, qu’est-ce que nous faisons ? Et il a commencé à la battre. Il l’a tant battue, tant traînée…

Alpatitch hocha la tête à ces paroles comme s’il les approuvait et, ne désirant pas en savoir davantage, il se dirigea vers la porte opposée à la chambre des maîtres, dans la pièce où étaient ses achats.

— Malfaiteur ! brigand ! cria en ce moment une femme maigre, pâle, un enfant sur les bras, un