Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/227

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patron qui était resté dans la rue. Un boutiquier qui entrait lui dit que le maître était allé avec la foule vers la cathédrale où l’on faisait des prières devant l’icône miraculeuse de Smolensk.

À la nuit tombante, la canonnade commença à se calmer. Alpatitch sortit du sous-sol et s’arrêta dans la porte. Le ciel auparavant si clair était obscurci de fumée, et, à travers la fumée, le jeune croissant brillait étrangement. Après le grondement terrible des canons qui s’était apaisé, le silence, interrompu seulement par le bruit des pas, les gémissements, les cris, les craquements des incendies répandus partout, semblait planer sur la ville.

Les gémissements de la cuisinière avaient cessé. De deux côtés se levaient et disparaissaient les nuages noirs des fumées de l’incendie. Dans les rues passaient et couraient des soldats, non en rangs compacts, mais comme des fourmis d’une fourmilière bouleversée, en divers uniformes et dans diverses directions. Sous les yeux d’Alpatitch, quelques-uns accoururent dans la cour de Férapontov. Alpatitch sortit vers la porte cochère. Un régiment revenait en hâte, emplissant la rue.

— On rend la ville, partez, partez, cria en l’apercevant un officier ; et, aussitôt, il s’adressa au soldat avec le cri :

— Je vous apprendrai à courir dans les cours ! Alpatitch entra dans l’izba, appela son cocher et