Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/241

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Un jeune soldat blond — le prince André le connaissait personnellement — de la 3e compagnie, avec une petite courroie autour du mollet, en se signant se reculait pour se mettre à l’aise et se jeter à l’eau. L’autre, un sous-officier brun, toujours hérissé, dans l’eau jusqu’à la ceinture, en agitant son corps musclé, reniflait joyeusement et s’arrosait la tête avec ses bras noirs jusqu’aux mains.

On entendait des clapotements, des cris aigus et des hou ! hou !

Sur le bord, sur la digue, dans l’étang, partout on voyait la chair blanche, forte, musclée. L’officier Timokhine, au petit nez rouge, s’essuyait avec une serviette, sur la digue ; il se sentit gêné en voyant le prince. Cependant il se décida à lui parler.

— C’est bon, Votre Excellence, vous feriez bien aussi…

— C’est sale, dit le prince André en faisant la grimace.

— Nous vous ferons de la place tout de suite. Et Timokhine, pas encore habillé, courut faire de la place.

— Le prince désire…

— Qui ? notre prince ? se mirent à dire des voix ; et tous, hâtivement, se bousculaient tant, que le prince André avait de la peine à les calmer. Il décida que ce serait mieux de se laver dans le hangar.