Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/277

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comme on le disait, avaient des rapports avec les Français, recevaient des papiers quelconques qui circulaient parmi eux, et restaient sur place. Il avait su, par des domestiques dévoués à lui, que le paysan Karp, parti récemment avec le chariot de l’administration et qui avait une grande influence sur le mir, était revenu avec la nouvelle que les Cosaques ruinaient les villages que quittaient les habitants, mais que les Français ne les touchaient pas. Il savait que la veille un autre paysan avait rapporté du village Visloükhovo, où étaient les Français, un papier du général français, où l’on déclarait aux hommes qu’il ne leur serait fait aucun mal et qu’on leur paierait tout ce qu’on leur prendrait s’ils restaient sur place. Comme preuve, le paysan avait rapporté de Visloükhovo un billet de banque de cent roubles (il ne savait pas que le billet était faux), qu’on lui avait avancé pour le foin.

Enfin, chose plus importante, Alpatitch savait que le jour même où il ordonnait au starosta de réunir les charrettes pour emporter les bagages de la princesse de Bogoutcharovo, le matin, les paysans s’étaient assemblés et avaient décidé de ne pas partir et d’attendre. Cependant le temps pressait. Le jour de la mort du prince, le 15 août, le maréchal de la noblesse insista pour que la princesse partit sur-le-champ ; c’était maintenant dangereux ; il disait ne pouvoir répondre de rien après le 16. Lui-même partit le jour de la mort du prince