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V

Davoust était l’Araktchéiev de l’empereur Napoléon, l’Araktchéiev, non poltron mais dévoué et cruel et qui ne savait exprimer son dévouement autrement que par la cruauté.

De tels hommes sont nécessaires dans le mécanisme de l’État, comme les loups dans la nature, et il y en a toujours ; ils y paraissent et se maintiennent, malgré toute l’anomalie de leur présence et de leur promiscuité avec le chef de l’État. Ce n’est que par cette nécessité qu’on peut s’expliquer comment cet Araktchéiev si cruel, qui lui-même, personnellement, arrachait les moustaches aux grenadiers et qui, par faiblesse des nerfs, ne pouvait supporter le danger, comment cet homme grossier, ignorant pouvait avoir tant d’influence sur Alexandre, noble et tendre comme un chevalier.

Balachov trouva le maréchal Davoust dans le hangar d’une izba de paysans ; il était assis sur un