Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/419

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désirée ! La victoire dépend de vous. Elle est nécessaire pour nous. Elle nous fournira tout ce qu’il nous faut : un logis commode et le retour prochain dans la patrie. Agissez comme vous avez agi à Austerlitz, à Friedland, à Vitebsk, à Smolensk. Que la postérité se rappelle avec fierté vos actes en ce jour. Qu’on dise de chacun de vous : il était à la grande bataille de la Moscova ! »

De la Moscova ! répéta Napoléon ; et, en invitant à cette promenade M. de Beausset qui aimait voyager, il sortit de la tente vers les chevaux sellés.

— Votre Majesté a trop de bonté, dit Beausset à l’invitation de l’empereur de l’accompagner. Il voulait dormir ; il ne savait pas monter à cheval, et avait peur d’y monter.

Mais Napoléon hocha la tête et de Beausset dut partir.

Quand Napoléon sortit de la tente, les cris de la garde devant le portrait de son fils redoublèrent. Napoléon fronça les sourcils.

— Ôtez-le, dit-il d’un geste gracieux et majestueux en désignant le portrait. C’est encore tôt pour lui de voir des champs de bataille.

Beausset, en fermant les yeux, inclina la tête, soupira profondément, en montrant par le geste combien il savait apprécier et comprendre les paroles de l’empereur.