Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/256

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Pierre ne se rappela plus ce qui se passa ensuite. Il se souvenait d’avoir frappé quelqu’un qui l’avait frappé, puis d’avoir eu les mains liées, puis d’avoir été entouré d’une foule de soldats français et fouillé.

Il a un poignard, lieutenant, furent les premières paroles que Pierre comprit.

Ah ! une arme, dit l’officier, et, s’adressant au soldat emmené avec Pierre : — C’est bon, vous direz tout cela au conseil de guerre, dit-il. Puis, se retournant vers Pierre : — Parlez-vous français, vous ?

Pierre regarda autour de lui, les yeux injectés de sang, et ne répondit pas. Son visage devait avoir l’air terrible, car l’officier chuchota quelque chose et quatre autres uhlans se séparèrent du détachement et se mirent de chaque côté de Pierre.

Parlez-vous français ? lui répéta l’officier en se tenant un peu loin de lui. — Faites venir l’interprète. Quelqu’un sortit des rangs en costume civil russe. À l’habit et à la voix Pierre reconnut aussitôt un employé français d’un magasin de Moscou.

Il n’a pas l’air d’un homme du peuple, dit l’interprète en regardant Pierre.

Oh ! oh ! ça m’a bien l’air d’un des incendiaires, dit l’officier. Demandez-lui qui il est, ajouta-t-il.

— Qui es-tu ? demanda l’interprète. Tu dois répondre aux chefs.

Je ne vous dirai pas qui je suis. Je suis votre