Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/438

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choix des occupations excessivement difficile et anéantit le besoin même et la possibilité de s’occuper.

Tous les rêves de Pierre aspiraient maintenant au temps il serait libre, néanmoins, dans la suite et toute sa vie durant, Pierre évoqua et raconta avec enthousiasme ce mois de captivité, ces sensations irretrouvables, fortes et joyeuses, et principalement l’entier calme d’âme, la liberté parfaite, intérieure, qu’il n’avait éprouvés qu’en ce temps.

Quand, le premier jour, s’étant levé de bonne heure, il sortit de la baraque et aperçut d’abord les coupoles sombres, les croix du couvent Novo Dévitchy, quand il remarqua la rosée sur l’herbe, quand il aperçut le sommet de la Montagne des Moineaux, quand il sentit le contact de l’air frais, quand il entendit les cris des choucas qui traversaient les champs, venant de Moscou, quand ensuite, tout à coup, brilla la lumière à l’orient et que, solennellement, parut le disque du soleil à travers les nuages, et les coupoles et les croix rosées lointaines, et le fleuve se jouant dans la lumière joyeuse, Pierre éprouva un sentiment nouveau encore inconnu de joie et de force vitale, et ce sentiment, non seulement ne le quitta pas tout le temps de sa captivité, mais au contraire, augmentait en lui à mesure que se multipliaieat les difficultés de sa situation.

Ce sentiment — être prêt à tout — se soutenait