Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/137

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pour arriver à la frontière, une distance aussi grande que celle déjà parcourue.

Cette tendance à se distinguer, à manœuvrer, à cerner, à couper, se manifesta surtout quand les troupes russes se heurtèrent aux troupes françaises.

Ainsi, sous Krasnoié, où l’on pensait rencontrer une des trois colonnes françaises, on avait rencontré Napoléon lui-même avec seize mille soldats. Malgré tous les moyens employés par Koutouzov pour éviter ce choc dangereux et garder ses troupes, pendant trois jours, près de Krasnoié, se poursuivit l’anéantissement de bandes de Français écrasées par les soldats russes.

Toll avait écrit une disposition : die erste Colonne marschirt[1], etc., et jamais rien ne se faisait selon la disposition. Le duc Eugène de Wurtemberg fusillait, d’une colline, la foule des Français qui courait devant et il exigeait des renforts qui ne venaient pas. La nuit, les Français, évitant les Russes, se dispersaient et se cachaient dans les forêts et se sauvaient le plus loin possible.

Miloradovitch, — qui déclarait ne vouloir rien savoir des affaires du détachement, — qu’on ne pouvait jamais trouver quand c’était nécessaire, « le chevalier sans peur et sans reproche », comme il se désignait lui-même, amateur de pourparlers

  1. La première colonne se dirige…