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V

Dans les années 1812-1813, on accusait ouvertement Koutouzov de toutes les fautes. L’empereur était mécontent de lui, et, dans une histoire écrite récemment par ordre de l’empereur, il est dit que Koutouzov était un courtisan menteur et rusé qui avait peur du nom de Napoléon et qui, par ses fautes sous Krasnoié et à la Bérésina, priva les troupes russes de la gloire d’une victoire complète sur les Français[1].

Tel est le sort, non des grands hommes que l’esprit russe ne reconnaît pas, mais le sort de ces hommes rares, toujours isolés, qui, après avoir compris les volontés de la Providence, lui soumettent leur volonté personnelle. La haine et le mépris de la foule punissent ces hommes de leur prévoyance des lois supérieures.

Pour les historiens russes — c’est étrange et

  1. Histoire de 1812, Bogdanovitch.