Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/157

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VIII

Il semblerait que dans les conditions pénibles, presque inimaginables, où se trouvaient en ce moment les soldats russes : sans bottes chaudes, sans habits chauds, sans toit, dans la neige par dix-huit degrés au-dessous de zéro, sans provisions suffisantes et irrégulièrement distribuées, ils dussent présenter le spectacle le plus triste et le plus décourageant.

Cependant, jamais, dans les meilleures conditions matérielles, l’armée ne présenta spectacle plus gai et plus animé. C’est que, chaque jour, tous ceux qui commençaient à s’attrister ou à faiblir étaient rejetés de l’armée. Tous ceux qui étaient faibles physiquement ou moralement, depuis longtemps étaient restés en arrière. Il ne restait que la fleur de l’armée par la force de l’esprit et du corps.

Près de la compagnie qui avait installé la claie,