Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/184

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démarches et ses soucis pour trouver un cheval et une voiture, et, le principal, son incapacité de penser et de sentir durant tout ce temps. Le jour de sa délivrance il avait vu le cadavre de Pétia Rostov ; le même jour il avait appris que le prince André avait vécu plus d’un mois après la bataille de Borodino et qu’il était mort récemment, à Iaroslav, dans la maison des Rostov.

Denissov qui lui apprenait cette nouvelle, en causant, mentionna par hasard la mort d’Hélène, supposant que Pierre en était informé depuis longtemps. Alors, tout cela parut seulement étrange à Pierre ; il se sentait incapable de comprendre l’importance de toutes ces nouvelles ; alors, il se hâtait seulement de quitter au plus vite ces lieux où les hommes s’entretuaient pour un asile calme, quelque part là-bas, où il pourrait se ressaisir, se reposer, réfléchir à toutes les choses nouvelles et étranges qu’il avait apprises tout ce temps.

Mais aussitôt arrivé à Orel il tombait malade. Dès qu’il se remit, Pierre aperçut autour de lui deux de ses domestiques venus de Moscou : Terentï et Vaska, et la princesse aînée qui, d’Eletz, le domaine de Pierre où elle se trouvait, ayant appris sa délivrance et sa maladie, était venue le soigner.

Pendant sa convalescence, Pierre se déshabitua peu à peu des impressions devenues habituelles et se fit à la pensée que demain personne ne le chasserait nulle part, que personne ne lui enlèverait son