Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/21

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— et elle n’est atteinte que par le mouvement en masse — que pour se défendre contre ceux qui attaquent. Mais cette règle, dans laquelle on perd de vue l’esprit de l’armée, se trouve toujours en défaut, ce qui est surtout frappant quand l’esprit de l’armée témoigne d’un grand enthousiasme ou d’une grande dépression : dans toutes les guerres populaires.

Les Français, en se retirant en 1812, bien qu’ils dussent, selon les règles de la tactique, se défendre en groupes, se serraient en tas parce que l’esprit de l’armée était tombé si bas que la masse seule la retenait. Au contraire, les Russes, selon les règles de la tactique, devaient attaquer en masse et, en réalité, se dispersaient parce que l’esprit était très fort et que les personnes isolées n’avaient pas besoin d’ordres pour battre les Français, ni de contrainte pour s’exposer à la peine et au danger.