Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/210

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trer dans des détails dont elle avait peur de se souvenir.

— Oui, oui, c’est ça… c’est ça… dit Pierre penché en avant vers la princesse Marie et écoutant avidement son récit. Oui, oui. Alors il s’est calmé, adouci ? Par toutes les forces de son âme, il cherchait toujours une chose : être tout à fait bon, c’est pourquoi il ne pouvait avoir peur de la mort. Les défauts qui étaient en lui, s’il en avait, ne provenaient pas de lui… Alors, il s’est radouci, disait Pierre. Quel bonheur qu’il vous ait rencontrée ! fit-il tout à coup s’adressant à Natacha et la regardant avec des yeux pleins de larmes.

Le visage de Natacha tremblait. Elle fronça les sourcils et, pour un moment, baissa les yeux. Pendant une seconde, elle hésita à parler.

— Oui, ce fut un bonheur ! prononça-t-elle d’une voix profonde de poitrine. Pour moi, ce fut certainement un bonheur.

Elle se tut.

— Et lui… lui… il disait qu’il le désirait, au moment où je suis venue vers lui…

La voix de Natacha s’entrecoupait. Elle rougit, appuya les mains sur ses genoux et, tout à coup, faisant un effort sur soi, elle releva la tête et se mit à parler rapidement.

— Nous ne savions rien quand nous sommes partis de Moscou. Je n’osais pas m’informer de lui. Tout à coup Sonia me dit qu’il était avec nous.