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XIX

Ce jour-là, de longtemps, Pierre ne put s’endormir. Il marchait dans sa chambre, tantôt fronçant les sourcils à la pensée d’une chose difficile, tantôt, tout à coup, haussait les épaules et tressaillait, tantôt souriait joyeusement.

Il pensait au prince André, à Natacha, à leur amour et tantôt il était jaloux du passé, tantôt il se faisait des reproches, tantôt se pardonnait. Il était six heures du matin et il était encore debout.

« Mais que faire si c’est impossible sans cela, que faire ? Alors il le faut ainsi, » dit-il ; et, se déshabillant hâtivement, il se mit au lit, heureux et ému, mais sans doutes ni indécision : « Si étrange, si impossible que me paraisse ce bonheur, il faut faire tout pour l’épouser, » se dit-il.

Quelques jours auparavant, Pierre avait fixé au vendredi son départ pour Pétersbourg. Quand il