Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, j’ajournerai un peu, je te préviendrai. Excuse-moi du dérangement ; et voyant le sourire de Savielitch, il pensa : « C’est tout de même étrange qu’il ne sache pas que maintenant il n’y a personne à Pétersbourg et qu’avant tout il est nécessaire que cela soit décidé. Mais il doit savoir ; il feint. Faut-il lui parler ? Que pense-t-il ? Non, après, plus tard. »

Pendant le déjeuner, Pierre raconta à la princesse qu’il était allé la veille chez la princesse Marie et y avait rencontré, imaginez-vous qui ? Natalie Rostov !

La princesse feignit de trouver cette rencontre aussi naturelle que celle de Pierre avec Anna Siméonovna.

— Vous la connaissez ? demanda Pierre.

— J’ai vu la princesse, j’ai entendu dire qu’on veut la marier avec le jeune Rostov. Ce serait très bien pour les Rostov ; on dit qu’ils sont tout à fait ruinés.

— Non, je vous demande si vous connaissez mademoiselle Rostov.

— J’ai entendu seulement parler de cette histoire. C’est dommage.

« Non, elle ne comprend pas ou elle feint, pensa Pierre, mieux vaut, à elle non plus, ne pas lui parler. »

La princesse avait préparé des provisions pour le voyage de Pierre.