Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/23

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tres s’organisèrent. Plus la campagne avançait, plus ces détachements devenaient nombreux.

Les partisans détruisaient la grande armée par petites parties. Ils ramassaient ces feuilles jaunies qui tombaient d’elles-mêmes de l’arbre desséché — l’armée française — et parfois, ils secouaient cet arbre. En octobre, pendant que les Français couraient vers Smolensk, il y avait des centaines de ces détachements, d’importance et de caractères divers. Il y avait des détachements qui singeaient tous les procédés de l’armée régulière, avec l’infanterie, l’artillerie, l’état-major, les commodités de la vie. Il y avait des détachements spéciaux de Cosaques, de cavalerie ; il y en avait de petits, de fantassins et de cavaliers ; il y en avait de paysans et de propriétaires que personne ne connaissait. Un certain sacristain devenu chef d’un détachement fit pendant un mois quelques centaines de prisonniers ; une nommée Vassilissa tua des centaines de Français.

Les derniers jours d’octobre furent les plus chauds de la guerre de partisans. La première période de cette guerre, pendant laquelle les partisans s’étonnaient eux-mêmes de leur audace, croyaient à chaque instant être pris par les Français, et, sans desseller, sans même presque descendre de cheval, se cachaient dans les forêts, s’attendant à chaque instant à la poursuite, était déjà passée. Maintenant la campagne se dessinait, et tous voyaient