Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/255

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Non seulement lui-même est grand, mais aussi ses amis, ses frères, beaux-fils, beaux-frères. Tout concourt à le priver du dernier grain de raison et à le préparer à son terrible rôle. Et quand il est prêt, les forces sont prêtes.

L’invasion marche vers l’Orient, atteint son but final, Moscou. La capitale est prise, l’armée russe est anéantie plus que ne l’avaient jamais été les armées ennemies dans les guerres passées, d’Austerlitz à Wagram. Mais, tout à coup, au lieu du hasard et du génie qui, jusqu’à présent, l’ont mené par une série ininterrompue de succès au but prédestiné, paraît une quantité incalculable de hasards contraires, depuis le rhume de Borodino jusqu’aux gelées et l’étincelle qui incendie Moscou ! Et, au lieu de génie, se révèlent une sottise et une lâcheté sans pareilles.

L’invasion rebrousse chemin, s’enfuit, et tous les hasards ne sont plus pour lui, mais contre lui.

Il se produit le mouvement en sens contraire de l’Orient à l’Occident, très semblable à celui de l’Occident à l’Orient. Les mêmes tentatives de mouvement de l’Orient à l’Occident, comme en 1805, 1807, 1809, précèdent le grand mouvement ; le même groupement considérable, la même jonction des peuples du centre au mouvement ; les mêmes hésitations au milieu de la route, la même rapidité à l’approche du but.

Paris, le but final est atteint. Le gouvernement