Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/270

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Nicolas affectait de se taire quand sa mère parlait de la princesse et son silence agaçait la comtesse.

— C’est une jeune fille très digne et très bonne, disait-elle. Tu dois aller la voir. Enfin tu y verras quelqu’un. Je crois que tu finis par t’ennuyer avec nous.

— Mais je n’en ai nulle envie, maman.

— Tantôt tu voulais la voir et maintenant tu ne le désires pas, vraiment, mon cher, je ne le comprends pas. Tantôt tu t’ennuies, tantôt, tout d’un coup, tu ne désires voir personne…

— Mais je ne dis pas que je m’ennuie.

— Comment, tu as dit toi-même que tu ne désirais pas la voir. C’est une jeune fille très digne ; autrefois elle te plaisait et maintenant, des raisons quelconques. Toujours on se cache de moi…

— Pas du tout, maman.

— Si je te demandais de faire quelque chose d’ennuyeux… mais rendre une petite visite… Il me semble que la politesse l’exige… Je te l’ai demandé, maintenant je ne m’en mêlerai plus si tu as des secrets pour ta mère.

— J’irai si vous y tenez.

— Pour moi cela m’est égal. Je le disais pour toi.

Nicolas soupira, mordilla sa moustache et tâcha de détourner l’attention de sa mère sur un autre sujet.

Le lendemain, le surlendemain, le troisième jour la même conversation se renouvela.