Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/31

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gardant toujours en avant, espérant voir l’envoyé de Dolokhov.

Arrivé sur la plaine, d’où l’on voyait loin, Denissov s’arrêta.

— Quelqu’un vient ! dit-il.

Le capitaine regarda dans la direction indiquée par Denissov.

— Ils sont deux : un officier et un Cosaque. Seulement, on ne peut pas supposer que ce soit le lieutenant-colonel lui-même, dit le capitaine.

Les cavaliers disparurent dans une descente de la montagne. Quelques minutes plus tard, ils se montrèrent de nouveau. Devant, galopait, harassé, en agitant sa nogaïka, un officier ébouriffé, mouillé jusqu’aux os, les pantalons relevés jusqu’aux genoux. Derrière lui, debout sur les étriers, suivait un Cosaque. Cet officier, un garçon très jeune, au visage large et rouge, aux yeux vifs et gais, s’approcha de Denissov et lui tendit une enveloppe mouillée.

— De la part du général, dit-il. Excusez si ce n’est pas tout à fait sec…

Denissov, en fronçant les sourcils, prit l’enveloppe et se mit à la décacheter.

— Voilà, on dit tout le temps que c’est dangereux, dangereux, dit l’officier s’adressant au capitaine, pendant que Denissov lisait l’enveloppe. D ailleurs, moi et Komarov, — il désigna le Cosaque, — nous nous étions préparés. Nous avons