Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/316

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cadeaux qu’il apportait et surtout parce que Natacha s’animerait de nouveau.

Pierre sentait ces différents espoirs fondés sur sa personne et il se hâtait de donner à chacun ce qu’il attendait.

Pierre, l’homme le plus distrait, avait cependant acheté d’après la note faite par sa femme, tout, sans oublier les commissions de la mère et du frère ni la robe, cadeau pour madame Biélova, ni les jouets pour ses neveux. Aux premiers temps de son mariage l’exigence de sa femme de remplir toutes ses commissions et ne pas oublier tout ce qu’on l’avait chargé d’acheter lui semblait étrange, et à son premier voyage il fut étonné de ce que sa femme fût triste parce qu’il avait tout oublié.

Sachant que Natacha ne donnait pas de commissions pour elle-même et ne le faisait pour les autres que quand lui-même proposait ses services, il éprouvait maintenant un plaisir enfantin, qu’il n’aurait pu s’imaginer, à ces achats de cadeaux pour toute la maison, et il n’oubliait jamais personne. Maintenant s’il méritait des reproches de Natacha, c’était pour avoir acheté trop et trop cher. À tous ses défauts, selon l’opinion de tout le monde : négligence de la toilette, laisser-aller, qualités selon Pierre, Natacha en avait acquis un autre : l’avarice. Depuis que Pierre vivait en famille, avait un grand personnel exigeant beaucoup de dépenses, à son étonnement il remarquait qu’il