Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/329

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Oh ! il fauchait de nouveau lâcher le gailla’d Bonapa’te, il mett’ait fin à toutes ces bêtises ! Ah ! bon ! à quoi cela ’essemble-t-il de confier au soldat Schwa’tz le ’égiment Séméonovsky ! cria-t-il.

Nicolas, bien que n’ayant pas le désir de Denissov de tourner tout mal, jugeait aussi comme quelque chose de très digne et d’important de clabauder sur le gouvernement, et le fait qu’un certain A… fût nommé ministre et B… général gouverneur en tel ou tel endroit et que l’empereur ait dit telle ou telle chose, un ministre une autre, tout cela lui semblait très important, et il croyait nécessaire de s’y intéresser et interrogeait Pierre. À cause des interrogations de ces deux interlocuteurs, la conversation gardait toujours le ton habituel des potins des hautes sphères gouvernementales.

Mais Natacha, qui connaissait toutes les idées et les manières de son mari, voyait que Pierre, depuis longtemps, voulait et ne pouvait pas détourner la conversation et exprimer sa pensée intime, celle pour laquelle il était allé à Pétersbourg consulter son ami le prince Féodor, et elle l’aidait en lui demandant comment allait son affaire avec le prince Féodor.

— De quoi s’agit-il ? demanda Nicolas.

— Toujours de la même chose, répondit Pierre en regardant autour de lui. Tous voient que les affaires vont si mal qu’on ne peut les laisser ainsi