Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/36

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gneurs, dans le jardin, près du puits et de l’étang et sur toute la route allant au village, à une distance d’à peu près deux cents sagènes, on apercevait dans le brouillard une foule de gens, et l’on percevait nettement leurs cris, en langue étrangère, poussés pour activer les chevaux, et leurs appels mutuels.

— Amenez ici le prisonnier, fit Denissov d’une voix basse, sans quitter des yeux les Français.

Le Cosaque descendit de cheval, prit le gamin et ensemble ils s’approchèrent de Denissov.

Celui-ci, désignant les Français, demanda quelles étaient ces troupes. Le gamin, les mains gelées dans ses poches, souleva les sourcils et regarda effrayé, Denissov. Malgré son désir évident de dire tout ce qu’il savait, il s’embrouillait dans ses réponses et confirmait seulement tout ce qu’on lui demandait. Denissov, les sourcils froncés, se détourna de lui et, s’adressant au capitaine, lui communiqua ses considérations.

Pétia, faisant de rapides mouvements de la tête, regardait tantôt le tambour, tantôt Denissov, tantôt le capitaine, tantôt les Français dans le village et sur la route, et tâchait de ne rien laisser passer d’important.

— Que Dolokhov vienne ou non, il faut les prendre !

— Hein ? dit Denissov, les yeux brillants.

— L’endroit est bon ! fit le capitaine.