Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/369

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par les historiens de la civilisation comme la cause ou l’expression de tout mouvement historique, c’est difficile à comprendre.

Les considérations suivantes seules pouvaient amener ces historiens à de telles conclusions : 1o Que ce sont des savants qui écrivent l’histoire et par conséquent qu’il est pour eux naturel et agréable de penser que l’activité de leur classe est la base du mouvement de toute l’humanité, de même qu’il serait agréable et naturel aux marchands, aux agriculteurs, aux soldats de le penser (cela n’a pas lieu seulement parce que les marchands et les soldats n’écrivent pas l’histoire) ; 2o que l’activité intellectuelle, l’instruction, la civilisation, la pensée sont des conceptions vagues, indéfinies, sous le drapeau desquelles il est très commode de mettre des mots qui ont une signification encore moins claire et qui, par cela même, peuvent être très facilement placés dans n’importe quelle théorie.

Mais, sans parler déjà de la qualité intrinsèque de l’histoire de ce genre (elle est peut-être nécessaire pour quelqu’un et quelque chose), les histoires de la civilisation, dans lesquelles se résument de plus en plus toutes les histoires générales, sont significatives parce que, étudiant en détails et très sérieusement les diverses doctrines religieuses, philosophiques, politiques, les acceptant comme causes des événements, chaque fois qu’il leur faut décrire un événement vraiment his-