Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/409

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sont basées que sur l’irrésolution de cette question.

Si la volonté de chaque homme était libre, c’est-à-dire si l’homme pouvait agir comme il le voudrait, alors toute l’histoire ne serait qu’une série de hasards sans lien.

Si même un seul homme parmi des milliers, pendant la période de mille années, avait la possibilité d’agir autrement, c’est-à-dire comme il lui plairait, il est évident alors qu’un seul acte libre de cet homme, contraire aux lois, détruirait la possibilité de l’existence de n’importe quelle loi pour toute l’humanité.

Et s’il y a une seule loi qui dirige les actions des hommes, alors il ne peut être de volonté libre, car la volonté des hommes doit se soumettre à cette loi.

Dans cette contradiction se trouve la question du libre arbitre qui, depuis les temps les plus reculés, a occupé des milliers d’esprits et qui, depuis les temps les plus reculés encore, se pose dans toute son importance.

Cette question consiste en ceci : prenant l’homme comme objet d’observation, de n’importe quel point de vue : théologique, historique, éthique, philosophique, nous trouvons la loi générale de la nécessité à laquelle il est soumis comme tout ce qui existe. Et, en l’examinant en soi, selon notre conscience, nous le sentons libre.