Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/411

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elle serait soumise aux raisonnements et à l’expérience. Mais en réalité, une telle dépendance ne se présente jamais et n’est pas possible.

Une série d’expériences et de raisonnements montre à chaque homme que lui, en tant qu’objet d’observation, est soumis à certaines lois, et l’homme s’y soumet et ne lutte jamais contre la loi de l’attraction ou de l’impénétrabilité une fois apprise. Mais la même série d’expériences et de raisonnements lui montre que la liberté absolue qu’il reconnaît en soi n’est pas possible, que chaque acte dépend de son organisme, de son caractère et des motifs qui agissent sur lui. Mais l’homme ne se soumet jamais aux conclusions de ces expériences et de ces raisonnements.

En apprenant par l’expérience et le raisonnement que la pierre tombe de haut en bas, l’homme y croit indiscutablement et, dans tous les cas, attend l’accomplissement de la loi qu’il a apprise.

Mais, en apprenant aussi indiscutablement que sa volonté est soumise aux lois, il n’y croit pas et n’y peut croire.

Combien de fois l’expérience et le raisonnement ne montrent-ils pas à l’homme que dans les mêmes conditions, avec le même caractère, il fera, pour la millième fois, la même chose qu’auparavant ! En répétant un acte quelconque dans les mêmes conditions et avec le même caractère, s’il se termine toujours de la même façon, il sent indiscutable-