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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/419

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les diverses directions de promenade, il en a choisi une, nous ne voyons aucune contradiction. La mesure de la liberté et de la nécessité qui ont guidé les actes de ces hommes est très nettement définie pour nous.

Très souvent la représentation de la liberté plus ou moins grande nous est différente selon le point de vue sous lequel nous examinons les phénomènes, mais chaque acte d’un homme se présente toujours à nous comme un certain mélange de liberté et de nécessité. Dans chaque acte examiné nous voyons une certaine part de liberté et une certaine part de nécessité. Et toujours plus nous voyons de liberté dans un acte, moins nous y voyons de nécessité, et inversement.

Le rapport entre la liberté et la nécessité diminue ou augmente suivant le point de vue duquel on examine l’acte, mais reste toujours inversement proportionnel.

L’homme qui se noie et entraîne celui qui le voulait sauver, ou la mère affamée, épuisée par l’allaitement de l’enfant, qui vole des aliments, ou l’homme soumis à la discipline qui tue par ordre, dans les rangs, un autre homme sans défense, se présentent à celui qui connaît les conditions dans lesquelles se trouvent ces gens, comme étant moins coupables, c’est-à-dire moins libres et plus soumis aux lois de la nécessité. Mais à celui qui ne sait pas que l’homme s’est noyé volontairement, que